Quantcast
Channel: ReliefWeb Updates
Viewing all articles
Browse latest Browse all 29753

Democratic Republic of the Congo: RD Congo: le Dr Mukwege en lutte contre la recrudescence des violences sexuelles

$
0
0
Source: Agence France-Presse
Country: Democratic Republic of the Congo

03/16/2013 07:37 GMT

Par Pierre Briand

KINSHASA, 16 mars 2013 (AFP) - Le Dr Denis Mukwege, réputé pour son aide aux femmes violées, a lancé une nouvelle campagne contre les violences sexuelles dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), qui connaissent depuis 2012 une inquiétante recrudescence.

Selon ce gynécologue-obstétricien, alors que l'année 2011 avait vu le nombre de femmes violentées diminuer progressivement, en 2012 et pendant les premiers mois de 2013, 300 femmes en moyenne sont arrivées chaque mois dans son hôpital spécialisé de Bukavu, capitale de la province riche et instable du Sud-Kivu.

"Pourquoi ces crimes ont-ils été réglés en six mois en Bosnie et durent depuis quinze ans en RDC?", s'est-il demandé cette semaine lors du lancement à Kinshasa de sa campagne pour favoriser une "prise de conscience". "La solution viendra de la prise en charge des causes de ces violences", a-t-il dit.

La violence sexuelle est "restée une source de vive préoccupation", a écrit le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, dans son récent rapport annuel sur la situation en RDC, où l'ONU dispose d'une mission de 19.000 hommes, la Monusco.

Au cours des deux derniers mois de 2012, écrit-il "au moins 333 femmes, dont 70 filles" ont été violées par des "groupes armés" ou par des membres de "forces de sécurité nationales". Selon ce rapport, en novembre dernier le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) avait apporté une assistance médicale et psychosociale à 2.193 victimes de violences sexuelles, dont 770 enfants.

Le Dr Mukwege a repris en janvier son activité dans son l'hôpital de Bukavu. Il avait du s'arrêter et se réfugier en Europe après une agression. Ému, il a raconté que ses patientes avaient commencé à se cotiser, en vendant des légumes au marché, pour lui payer son billet de retour.

Puis elles ont voulu organiser sa sécurité car - contrairement aux grandes annonces faites dans les capitales occidentales et aux assurances des autorités locales et des Nations unies - rien de spécial n'a été prévu. Finalement, il habite à l'hôpital avec sa famille.

"Mes patientes m'ont pris en charge", a dit le gynécologue, sans illusion sur la sécurité dans une région en proie à la violence depuis 20 ans.

Des femmes admirables

Costume sombre à rayures, cravate impeccablement nouée, le médecin spécialiste de 58 ans formé à Angers (France) pourrait passer pour un notable, un politique ou un homme d'affaires, mais il est simple: "si chaque Congolais pouvait comprendre qu'il est au service de la Nation, les choses iraient mieux", a-t-il répondu à un journaliste qui voulait faire de lui un "héros national".

Par contre, il se montre intarissable sur les mérites des femmes qu'il "répare", comme le dit un livre qui lui a été consacré par une journaliste belge, Colette Braeckman.

"Elles repartent de l'hôpital avec 20 dollars (15 euros) et on les retrouve quelques mois plus tard avec une maison et des enfants à l'école", a-t-il expliqué devant la presse.

"Sans leur courage, notre équipe sombrerait dans la dépression", ajoute-il.

"Leur capacité de s'adapter, de se battre pour leurs droits et ceux de leurs enfants, n'a pas d'égal", a encore affirmé le Dr Mukwege. "A l'hôpital nous les encourageons mais quel langage peut-on leur tenir quand on les voit arriver pour la deuxième ou la troisième fois?", a-t-il demandé les yeux brillants de larmes.

"Ma première malade en 1999 avait été violée par plusieurs personnes puis on lui avait introduit une arme dans l'appareil génital et fait feu, elle avait tout le bassin détruit, je pensais que c'était l'oeuvre d'un fou mais à la fin de l'année j'avais soigné 45 cas semblables. Aujourd'hui, nous avons 40.000 femmes dans ce genre de situation", a-t-il raconté avec effroi.

"Le viol est utilisé comme une arme de guerre (...) il détruit le tissu social, entraîne une perte d'identité collective, détruit toutes les croyances, c'est une destruction méchante", a souligné le médecin.

"Comment pouvoir les regarder dans les yeux", lui a dit un mari et père qui a assisté au viol de sa femme et de ses filles. Parfois, dans 1% des cas, c'est un homme qui est violé. "Généralement, ça se termine mal", il se suicide, explique le gynécologue.

Devant l'état des femmes qui arrivent pour se faire soigner à Bukavu et ont dû longuement marcher, un système de "one stop center" est en train d'être créé pour se rapprocher des villages, raccourcir les délais d'interventions, accueillir rapidement et éviter d'avoir à raconter une dizaine de fois son histoire.

pb/hab/jlb/de

© 1994-2013 Agence France-Presse


Viewing all articles
Browse latest Browse all 29753

Trending Articles



<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>