La 3ème édition de la semaine africaine de vaccination a été lancée en République du Congo, le 30 avril à Brazzaville, par le directeur de cabinet du ministre de la santé et de la population, Jean-Philippe Ngakosso. C’était en présence de la représentante de l’OMS au Congo, Diallo Fatoumata Binta.
lle a pour thème : «Sauvons des vies. Prévenons des infirmités. Vaccinons!». Un thème qui cadre avec l’engagement pris par le Congo, celui d’être un pays sans poliomyélite et sans épidémies de rougeole et de fièvre jaune, grâce à la politique de renforcement de la vaccination de routine et à l’organisation des campagnes de vaccination de qualité.
La vaccination lancée concerne les enfants de 0 à 11 ans et sera menée dans tout le pays. Tous les vaccins sont gratuits. L’importance de la vaccination est qu’elle protège les enfants et les femmes enceintes contre onze maladies contagieuses et dangereuses, ciblées par le programme élargi de vaccination (PEV).
«La vaccination est la meilleure intervention en termes de coût-efficacité pour éviter de nombreuses maladies, tant pour les enfants que pour les adultes», a expliqué Mme Diallo Fatoumata Binta, avant de rassurer : «De vaccins sûrs sont actuellement disponibles et ne demandent qu’â être mis à disposition aux bénéficiaires pour les protéger contre plusieurs maladies. Cela demande, certes, des ressources importantes en termes d’achat et de transport».
Elle a salué les efforts de certains pays africains membres de l’OMS, dont la République du Congo, pour davantage allocation de ressources nationales à la mise en œuvre des stratégies de la vaccination, en général, et de l’éradication de la poliomyélite, en particulier.
«Concernant le Congo, bien de voix plus autorisées vont nous en parler, il est important de souligner que des progrès très encourageants dans la réduction des taux de mortalité infantile ont été enregistrés. Selon les statistiques de l’EDS 2005, 2011-2012, ces taux sont passés de 75 à 68% pour mille naissances entre 2005 et 2012», a indiqué Mme Diallo Fatoumata Binta.
Cependant, elle a fait remarquer que ces indicateurs restent encore en-deçà des résultats escomptés. D’où la nécessité pour le Congo de poursuivre le processus de mise en œuvre des activités contenues dans la feuille de route pour la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile, adoptée en 2010. Il s’agit d’un rattrapage des enfants incomplètement vaccinés de tous les du PEV à travers le pays et la sensibilisation des populations sur une meilleure adhésion à la vaccination.
En République du Congo, la couverture vaccinale atteint 80% actuellement, contre 54% en 2000. Une enquête menée sur la couverture vaccinale réalisée en 2002 sur les enfants âgés de 12 à 24 mois indique que, sur un effectif de 2.242 enfants enquêtés au niveau national, le taux moyen de couverture vaccinale par dose validée a été de 86,7% pour le BCG ; 60,4% pour le DTC3 ; 60,9% pour la polio 3 ; et 60,6% pour le vaccin anti-rougeoleux. Le taux moyen d'abandon au niveau national à été respectivement de 24% entre le BCG et le vaccin anti-rougeoleux ; 16% entre le DTC 1 et le DTC3 ; 9% entre le DTC3 et le vaccin anti-rougeoleux. Les taux moyen d'invalidation des doses vaccinales par antigène au niveau national ont été de 1% pour le BCG; 14,7% pour le DTC3 ; 14,2% pour la polio 3 ; 5,5% pour le VAR. Le taux de portage du document du document vaccinal était de 88%.
Jean-Philippe Ngakosso a annoncé que les activités de masse seront menées tout au long de cette année. La vaccination anti rotavirus, quant à elle, sera lancée l’année prochaine. Les rotavirus sont la première cause de diarrhée aiguë chez l'enfant. Mais, selon l’étude d’Evan Anderson, professeur assistant de pédiatrie et de médecine à Northwestern University Feinberg School of Medicine de Chicago (USA), le développement de la vaccination pédiatrique contre le rota-virus protège aussi les adultes.
L’équipe de son étude a analysé les selles des adultes souffrant de diarrhées entre 2006, date de l'initiation de la vaccination chez les enfants, et 2010. Les résultats ont été rapportés lors d'une présentation de poster au 49ème congrès de ’’Infectious Diseases Society of America’’ (IDSA). La vaccination est actuellement la seule stratégie disponible pour réduire les conséquences de cette infection.
La semaine africaine de vaccination permettra, sans nul doute, de réduire considérablement le taux de morbidité et de mortalité infantile. Initiée par les ministres africains de la santé publique lors de la 60ème session du Comité régional en 2010 à Malabo (Guinée Equatoriale), cette semaine a pour but de renforcer les programmes de vaccination dans la région africaine par une sensibilisation accrue à la nécessité et au droit de chaque individu, particulièrement de chaque femme et de chaque enfant, d'être protégés contre les maladies évitables par la vaccination. Car, «un enfant non vacciné est un enfant non vacciné de trop».
Gaspard Lenckonov